Analyse : Iris Achard critique littéraire.
Le poème Danse Africaine : La dernière demeure du scaphandrier de Jean-Julien Danglon explore, par une combinaison frappante d’images marines et tribales, une réflexion profonde sur la mort, la transcendance et la fusion des cultures. Ce texte transporte le lecteur dans un univers hybride, où le monde sous-marin et les rites africains se fondent dans une danse symbolique. À travers la juxtaposition de ces mondes, Danglon interroge les thèmes de la quête identitaire, de la finitude humaine et de l’éternité.
Les premiers vers, avec le scaphandrier, nous introduisent à un personnage mystérieux en quête de sens et de grandeur. L’utilisation du casque du scaphandrier, symbole de l’exploration de l’inconnu, représente ici une plongée dans les profondeurs de soi-même et dans les mystères de la vie et de la mort. La danse “à l’Africaine” est un acte de résistance, une célébration de l'existence et de l'identité, et en frappant sur le casque du scaphandrier, le narrateur semble vouloir réveiller quelque chose de perdu, ou peut-être même une essence ancestrale.
Le choix du jaune, évoqué comme couleur dominante, “colore [le] corps épouvantail” et “jaunit l’atmosphère.” Cette couleur ocre, associée à la terre et au sable, ancre la scène dans une esthétique africaine, tout en créant une atmosphère à la fois lumineuse et éphémère. Danglon utilise le jaune comme un lien entre la terre ancestrale et l’océan, entre la vitalité et le spectre de la mort, renforçant la dimension cyclique de l’existence. Ce “corps épouvantail” devient une figure métaphorique, suspendue entre le monde des vivants et celui des esprits.
La danse tribale du narrateur, exprimée par “ma bouche crache des chants, qui pigmentent l’univers,” incarne la vitalité et la puissance créatrice, même dans l’approche de la mort. Cette bouche, qui crache les chants, symbolise un souffle de vie qui se propage comme un écho, traversant le temps et l’espace, et pénétrant l’univers tout entier. La mer “salifère” devient ici le terrain de cette union mystique, où l’individu laisse une trace dans un univers infini.
Le poème s'achève dans une lente et symbolique descente du scaphandrier vers les fonds marins, où le casque, désormais “passif,” s’enfonce dans une “sarabande” funèbre, et les bulles, qui éclatent en “playback,” suggèrent un cycle éternel de la vie et de la mort. Cette scène marine, où “les poissons de proie hâtent le crime,” symbolise une délivrance dans l’acceptation de la fin, de la décomposition et de l’intégration dans l’océan, lieu de naissance et de renaissance.
Les vers finaux, évoquant le scaphandrier face à son propre reflet et la “pourriture de son fantôme translucide,” révèlent une vision existentielle de l’humain face à son impermanence et à sa libération ultime. Ici, l’image de la “nouvelle demeure” fonctionne comme une métaphore de l’après-vie, où les frontières entre l’humain et le monde naturel s’effacent.
Danse Africaine : La dernière demeure du scaphandrier est une œuvre profondément spirituelle et philosophique, une danse vers l’acceptation de la mort, où Danglon nous invite à envisager la fin non pas comme une séparation, mais comme une communion avec l’univers.
01 Octobre 2024
* Jean-Julien Danglon - Poête et artiste digital
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