Analyse de la critique Iris Achard critique littéraire.
a. Symbolisme du scaphandrier
Le scaphandrier est un personnage central, et son casque devient un objet de percussion, une sorte de tambour primitif. Il semble représenter à la fois un voyageur, un explorateur, mais aussi quelqu'un en quête de profondeur (au sens propre et figuré). Ce casque évoque également une forme de confinement, de lutte contre l'immensité marine. Le scaphandrier, avec son poids et sa plongée dans l'obscurité, semble se rapprocher de la mort, de la fin d’un cycle.
b. Métissage des cultures
Le poème oscille entre des références africaines ("À l'Africaine, je danse", "ma crinière blanche", "chant tribal") et des images marines plus occidentales. Cela crée un mélange de symboles culturels qui dialogue avec des traditions à la fois terrestres et maritimes. Le lien avec l'Afrique, à travers la danse et la crinière blanche, donne un aspect ancestral et sacré, comme si l’esprit du scaphandrier était en communion avec des forces plus anciennes que la mer elle-même.
c. Rythme et musicalité
Le rythme du poème reflète celui d’une danse rituelle, marquée par des coups sur le casque, qui sont comme les battements d’un tambour. Le texte joue avec une musicalité interne, notamment avec les allitérations et assonances ("Le scaphandre sonne sourd", "bouche crache des chants"). Cette musicalité est un élément clé pour souligner la répétition, le rituel, et la cérémonie de passage.
d. Thématique du passage
Le poème parle de la traversée, du passage vers un autre état, possiblement vers la mort. Le pont-levis de l'avenir, les dieux psychopompes (guides des âmes vers l’au-delà), et les images de l’obscurité marine évoquent une transition d’un monde à un autre. Il y a une sorte de ritualisation de la mort à travers la danse et le chant, où l'âme semble voguer vers sa dernière demeure dans les profondeurs marines.
e. Imaginaire marin et souterrain
Le fond marin, souvent comparé à une savane, montre l’imaginaire de l’auteur où la mer et la terre s’entremêlent. Les poissons deviennent des "poissons de proie" qui précipitent la mort, et le fond marin est vu comme un espace mystérieux et hostile. Les références à l'ocre et au jaune, couleurs de la terre et de l’au-delà, renforcent cette connexion entre l’élément marin et le monde souterrain.
f. Le rapport à la décomposition
La fin du poème insiste sur la décomposition ("pourriture de son fantôme translucide"), comme un passage inéluctable. Ce processus de décomposition est vu avec une sorte de détachement et d’acceptation, en lien avec l'idée de délivrance sous les rochers. Il y a une tension entre le fantôme de l’homme et la transformation inévitable de son corps dans la mer.
Conclusion
Ce poème, avec ses images saisissantes et ses références culturelles multiples, crée un univers où le rituel de la danse africaine se mêle à une descente dans les profondeurs marines. L’auteur explore des thèmes universels de la mort, du passage, et de la communion avec des forces ancestrales.
01 Octobre 2024
* Jean-Julien Danglon - Poête et artiste digital
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